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Lundi 18 février 2019
article de Nathalie Grillet
Quand notre désir le plus profond devient notre plus grande angoisse !
Dès la naissance l'etre humain est programmé pour tisser des liens relationnels, sa survie en dépend et ce besoin d'être attaché aux autres restera actif toute sa vie.
Quand le nouveau né se sent accueilli dans l'amour et la bienveillance de sa famille, quand au moins une personne est capable de prendre soin de lui de façon sensible c'est à dire en étant capable de reconnaitre et d'assouvir ses besoins
suffisament souvent, alors il va développer ce que l'on appelle un attachement sécure avec cette personne. Très souvent il s'agit de sa mère.
Ce n'est qu'au travers d'une telle relation sécure que l'enfant peut apprendre l'autorégulation.
Une empreinte durable s'inscrit dans son cerveau en cours de développement. Devenu adulte il sera alors capable de vivre des relations saines, équilibrées et pleinement satisfaisantes dans les différents domaines; amoureux, amicaux et professionnels de sa vie.
La nature nous a programmé pour le développement de l'attachement sécure mais différents évenements peuvent perturber ce processus naturel.
L'expérience d'une mère ou d'un père émotionnellement absents, ou anxieux, l'expérience d'un parent souffrant d'une maladie psychique ou d'addiction, l''expérience de le maltraitance physique, émotionnelle, l'expérience de l'abus sexuel ou bien encore de la négligence sont le type de vécus traumatisants pour l'enfant qui perturbent entre autres le développement de l'attachement sécure.
Au lieu de se sentir en sécurité et d'acquérir toutes les compétences relationnelles, l'enfant va développer des stratégies adaptatives pour répondre aux expériences menaçantes de son quotidien. Ces stratégies qui permettent à l'enfant de survivre deviennent chez l'adulte les racines de ses difficultés relationnelles.
John Bowlby et sa collaboratrice Marie Main sont les précurseurs de toutes les études scientifiques menées ces dernières décennies sur les différents styles d'attachement.
L'enfant qui ne peut développer un attachement sécure avec les personnes qui sont censées prendre soin de lui va, selon les circonstances développer un attachement insécure. Dans cette catégorie nous retrouvons 3 types d'attachement qui vont rester actifs tout au long de la vie sauf si la personne fait dans son parcours relationnel ce que l'on appelle des expériences correctives.
Vous trouvez ci-dessous un tableau récapitulatif des quatre types d'attachement.
L'attachement sécure
Avec un modèle d'attachement sécure, nous nous sentons en sécurité dans une relation intime et en même temps libre et capable de faire quelque chose tout seul. Nous sommes réalistes et confiants lorsqu'il s'agit de résoudre des conflits émergents avec des personnes importantes pour nous.
L'attachement évitant
Avec un modèle d'attachement évitant, nous nous sentons plus à l'aise dans une relation offrant une distance ou suffisamment d'espace personnel. La proximité est rapidement perçue comme accablante voire submergeante. Nous pouvons réagir aux conflits de manière plutôt indifférente.
L'attachement anxieux
Avec un modèle d'attachement anxieux, nous nous sentons au mieux quand nous sommes toujours avec notre partenaire, la séparation est source d'angoisse. La proximité n'apporte pas l'apaisement pour autant. Nous pouvons réagir aux conflits avec des émotions vives. La peur et le doute sont au rendez-vous
L'attachement désorganisé
Dans un modèle d'attachement désorganisé, la relation est associée inconsciemment à une menace. Une perte de contrôle dans la relation est vécue comme une menace vitale à laquelle nous pouvons réagir instinctivement soit par des actes de violence soit par une tendance à la fuite, ou bien en tombant dans le figement émotionnel.
Pour les personnes n'ayant pas développé un attachement sécure dans l'enfance, rien n'est perdu!
Les expériences relationnelles vécues dans les premières années de notre vie sont encodées dans notre cerveau. A chaque rencontre nous percevons l'autre à travers cette lunette particulière, teintée par notre expérience précoce de la relation. Très tôt nous avons appris à être des détecteurs inconscients des intentions de l'autre, pire nous ne laissons pas la place à une réelle nouvelle expérience, nous n'envisageons pas que l'interaction avec l'autre pourrait se dérouler différemment et nous ne percevons plus que certains indices qui renforcent nos croyances. Alors nous avons tendance à attendre, à espérer qu'un jour l'autre puisse enfin satisfaire notre désir le plus profond: être enfin vu, reconnu, apprécié, aimé... tout simplement. Nous pensons que nous n'avons pas encre rencontré la bonne personne, mais le problème est entre autres que nous ne sommes pas capable de vraiment percevoir ce que l'autre nous propose.
Si vous êtes plutôt méfiant, comme les personnes de style "évitant", vous avez encodé dans votre système qu' il vaut mieux ne compter que sur vous-même, ainsi vous évitez toute déception. Dans ce cas, le partenaire n'obtient même pas la chance de pouvoir vous étonner et de vous montrer que l'intimité, la proximité peut être source de joie et de confiance. Si au contraire vous êtes plus du style "anxieux", alors vous êtes en demande permanente, peu importe comment votre partenaire se comporte avec vous, vous n'êtes pas satisfait, vous continuez à vous accrocher et à espérer obtenir enfin un jour toute l'attention dont vous avez tant manqué. Mais vous ne percevez pas toutes les bonnes intentions et tous les actes à travers lesquels votre partenaire vous signale combien il tient à vous. Vos partenaires finissent pas se lasser, ou c'est vous qui pensez qu'une autre personne serait plus compatible avec vous.
Pour changer notre façon d'être en relation le secret est de se laisser aller à faire ce que l'on appelle des expériences correctives. Cela peut se faire dans le lien avec un partenaire de style" sécure", qui lui, sera suffisamment patient et présent pour vous rassurer et vous permettre de commencer à y croire et donc à créer dans votre cerveau des nouvelles connexions qui, si les expériences sont régulières, vont pour ainsi dire se superposer à votre ancien système de croyance. Si vous êtes seule ou en couple avec une personne qui comme vous n'a pas eu la chance de grandir dans un environnement permettant le développement de l'attachement sécure, alors vous pouvez envisager une thérapie avec, au mieux, un thérapeute expérimenté dans le domaine de l'attachement.
Certaines pratiques de groupe peuvent aussi être interessantes comme les "sculptures du lien" qui vous permettent d'expérimenter un mouvement vers une nouvelle façon de se positionner dans le lien à l'autre. Ce genre d'expérience peut être l'occasion de conscientiser à quel point vous pouvez être acteur du changement!
La guérison de notre capacité relationnelle ne peut se faire que dans le lien, il nous faut un autre en face pour nous laisser aller à l'expérience nouvelle et ainsi, pas à pas nous rediriger vers ce que nous recherchons tous tant:
La capacité à vivre des relations humaines pleinement vivantes et satisfaisantes.
C'est aujourd'hui que nous pouvons être curieux de nouvelles expériences pour que demain soit un monde meilleur pour nous et pour nos proches!